Petit Roc N° 680 FEVRIER 2019

Fraternité

Il est frappant de constater que ce 3ème volet de la devise républicaine surgit avec une nouveauté étonnante dans le climat social tendu que nous traversons.

Les hommes et les femmes ont besoin de fraternité. Chacun est à la recherche d’un lieu d’écoute ou de partage, là où la société individualiste semblait avoir triomphé. Force est de constater que, si le temps passe, les mentalités aussi !

Chrétiens, nous fondons notre fraternité non sur des opinions ou des idées communes, mais sur la certitude d’être enfants d’un même Père, créés pour vivre en communion d’amour avec lui et avec les autres hommes.

Mais une fois les grands principes énoncés, il nous faut passer aux exercices pratiques et là… c’est plus difficile.

Le Pape François (La joie de l’Evangile, n°91) ne cesse de nous inviter à aller vers l’autre : « il est nécessaire d’aider à reconnaître que l’unique voie consiste dans le fait (non de se cacher, mais) d’apprendre à rencontrer les autres en adoptant le comportement juste, en les appréciant et en les acceptant comme des compagnons de route, sans résistances intérieures. Mieux encore, il s’agit d’apprendre à découvrir Jésus dans le visage des autres, dans leur voix, dans leurs demandes. C’est aussi d’apprendre à souffrir en embrassant Jésus crucifié quand nous subissons des agressions injustes ou des ingratitudes, sans jamais nous lasser de choisir la fraternité. »

Ces mots nous font du bien en nous ouvrant à l’exigence de l’amour. Car l’amour, le plus souvent n’est pas un sentiment, mais un choix évangélique coûteux mais tenace voire obstiné.

Ne faisons pas de la fraternité un rêve inaccessible. Elle est le fruit d’un profond travail intérieur de chacun pour une meilleure vie ensemble.

C’est en cela que les communautés chrétiennes ont un puissant témoignage à donner. Car notre mission la plus sacrée consiste à donner à la terre le goût du ciel. Et la fraternité en est le plus crédible des témoignages.

Notre communauté cultive la fraternité avec la patience et la foi du semeur. Nous en goûtons souvent des fruits savoureux.

Permettez-moi de rêver… Si toutes nos activités, nos engagements étaient vécus en petites fraternités, en veillant les uns sur les autres avec bienveillance, en accueillant ceux et celles qui cherchent et qui ont besoin d’un lieu où partager leurs questions et faire l’expérience de la vie en Eglise… Nous sommes bien lancés, mais il reste un beau chemin à imaginer !

Que l’Esprit Saint de notre baptême et de notre confirmation nous donne l’audace un peu folle, mais si belle, d’une multiplicité de fraternités aimantes et priantes pour un monde plus beau !

  1. Michel Desplanches