Reflets de l’Arc n° 390

Face aux abus dans l’Eglise…

Depuis plusieurs semaines, de multiples affaires d’abus sexuels sur mineurs éclatent au sein de l’Église. Ces derniers jours, un prêtre était à l’origine d’une pétition exigeant la démission d’un cardinal français, tandis qu’un ancien nonce demandait celle du pape. Le pape François vient de décider de réunir en février les présidents des conférences épiscopales du monde entier sur la question de la protection des mineurs. Quelle attitude du cœur pouvons-nous avoir face à cette actualité ? Voici quelques éléments de réponse :

Accueillir la vérité. Rejeter les accusations en bloc serait faire preuve de déni ; cacher les faits serait entretenir l’attitude mortifère qui a trop longtemps prévalue dans l’Eglise pour sauver la respectabilité de l’institution. Mieux vaut une vérité laide qu’un mensonge qui préserve les belles apparences !

Vérifier l’exactitude des informations diffusées dans les médias, afin de ne pas s’en tenir à une réaction d’indignation qui oublierait de prendre en compte l’ensemble des éléments de ces situations complexes. Veillons à préserver la présomption d’innocence et avoir confiance en l’action de la justice de notre pays.

Mûrir notre sens de l’Eglise : Jésus a appelé ses apôtres en sachant qu’ils s’enfuiraient lâchement au moment de la passion, que Judas le trahirait et que Pierre le renierait. L’Eglise est à la fois sainte et composée de pécheurs, visible et invisible, divine et humaine, institutionnelle et spirituelle. « Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle ! » (Eph 5, 25). Nous aussi, aimons l’Eglise telle qu’elle est.

Se remettre en cause : nous sommes solidaires de cette Église faite de pécheurs. Moi-même, par chacun de mes manques de charité j’offre un contre-témoignage de la sainteté de l’Église. C’est d’abord mon propre cœur qu’il faut purifier

Lutter contre le cléricalisme, qui accorde un statut intangible aux prêtres et reconnaît des privilèges à ceux dont le rôle est d’être serviteur de tous au sein de la communauté.

Entrer dans une attitude de pénitence et de prière, afin que le Seigneur purifie son Eglise de tout ce qui défigure en elle son authentique visage de mère. Intercéder pour les victimes et leurs bourreaux, et pour que le scandale n’éloigne pas de l’Eglise ni du Seigneur ceux qui sont encore fragiles dans la foi.

Enfin, garder un regard d’Espérance : l’abcès devait crever ! Cette purification est douloureuse, longue et humiliante mais elle était nécessaire pour que l’Eglise devienne toujours davantage un lieu de miséricorde pour que le monde ait la vie.

P. Etienne Kern +

NDArc – 20180915 – Reflets 390