Reflets de l’Arc n°414

« Il était une fois un homme riche… »

Mais… J’ai déjà entendu cela il y a huit jours ! Me suis-je trompé ?  Non, votre missel est bien à la bonne page. Dimanche dernier, l’homme riche demandait des comptes à son gérant. Ce dimanche, l’homme riche se revêt de pourpre avant de dévorer un festin plantureux. Jésus adressait la première histoire à ses disciples, afin que nous apprenions à nous faire des amis avec l’argent trompeur, et qu’ainsi ils nous accueillent dans les tentes éternelles. C’est aux pharisiens « amis de l’argent » que Jésus semble adresser aujourd’hui la deuxième histoire. Et visiblement, l’homme riche n’est pas très bien accueilli dans ces tentes célestes…

Il faut dire que la mise en pratique de la sagesse céleste de Jésus dans notre gestion des biens terrestres semble impossible à certains, à tel point qu’ils se moquent de Jésus. Est-il un doux rêveur ? Un révolutionnaire dangereux ? Ou tout simplement un naïf manquant de sens pratique ? Ne pourrions-nous pas invoquer le principe d’autonomie des réalités temporelles ? Comment tenir compte de ce qui arrivera dans le monde avenir, encore invisible et impalpable, dans notre gestion des affaires visibles et palpables – concrètes, serions-nous tentés de dire ?

Nous avons besoin d’un cœur capable d’écouter et de voir. Et Dieu ne nous laisse pas aujourd’hui sans rien à entendre ou à voir de ce qui peut advenir. L’homme riche et ses cinq frères ont déjà entendu la promesse de vie. « Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent. » Et ils ont déjà sous leurs yeux ce qui peut arriver dans le « lieu de torture » : Lazare est à leur porte. Le juste jugement de Dieu ne tombe pas du ciel comme la foudre : il frappe à notre porte avec délicatesse. Seigneur, ouvre mes yeux afin que Lazare soit pour moi l’annonce de ta bénédiction.

Père Romain Civalero

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