Reflets de l’Arc n°430

Jérémiades ?

« J’entends les calomnies de la foule, tous mes amis guettent mes faux pas ». Les persécutions subies par Jérémie ne s’arrêteront ni aux paroles, ni aux complots : elles iront jusqu’au bout. Il sera fait prisonnier et déporté. C’est à Dieu que Jérémie adresse sa plainte, comme celle de David dans le psaume : « C’est pour toi que j’endure l’insulte » ! Pourtant le prophète comme le roi exclament abruptement leur louange à Dieu : « Chantez le Seigneur : il a délivré le malheureux de la main des méchants. » « Que le ciel et la terre le célèbrent ! » Sont-ils de doux rêveurs ?

Notre expérience est-elle si différente ? Souvent le péché m’assaille et je vois la mort se répandre. Mais il n’en va pas du don de Dieu comme de la méchanceté humaine. En effet, « si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude » (Rm 5, 15). L’œuvre du Diable, entrée dans notre humanité par Adam, prolifère avec une effrayante vigueur. Pourtant la puissance de Dieu est sans commune mesure. La mort de Jésus couvre le péché de nos premiers parents et tous les nôtres. Si ce péché nous conduit à la mort, sa puissance est aussi limitée par la mort qu’il cause. Au contraire, la vie de Jésus est féconde en nous pour toujours, sans limite.

Cette vie indestructible fonde la possibilité de vivre l’épreuve dans l’espérance. Non pas dans l’insouciance ou le déni, mais parce que Jésus est assez puissant pour guérir le cœur de ceux qui nous persécutent. Nous avons le droit de pleurer, il nous faut même pleurer avec ceux qui pleurent. Mais je peux aussi louer Dieu, et c’est ce que la foi me commande : aucune parole n’est plus féconde en ma bouche que l’action de grâce à Celui qui m’a aimé et s’est livré pour moi.

Romain Civalero

NDArc – 20200619_Reflets 430 – Feuille de chants

NDArc – 20200619_Reflets 430