Dîme, denier, gratitude …

A l’occasion du lancement de la campagne 2021 du denier de l’Eglise, le père Etienne Kern, curé des paroisses de Aix – Notre Dame de l’Arc, nous délivre un enseignement qui nous ramène aux fondamentaux du don …

Le sens spirituel de la dîme

dans la Bible et la vie de l’Eglise

 

  1. DANS LA BIBLE

Abraham et Jacob : reconnaissance et gratitude

Gn 14, 18-20 : Melkisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était prêtre du Dieu très-haut. Il le bénit en disant : « Béni soit Abram par le Dieu très-haut, qui a créé le ciel et la terre ; et béni soit le Dieu très-haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains. » Et Abram lui donna le dixième de tout ce qu’il avait pris.

Hb 7, 1-10 : Ce Melkisédek était roi de Salem, prêtre du Dieu très-haut ; il vint à la rencontre d’Abraham quand celui-ci rentrait de son expédition contre les rois ; il le bénit, et Abraham lui remit le dixième de tout ce qu’il avait pris. … Or, selon la loi de Moïse, les fils de Lévi qui reçoivent le sacerdoce ont l’ordre de percevoir la dîme sur le peuple, c’est-à-dire sur leurs frères, qui pourtant sont issus d’Abraham, eux aussi.

Gn 28, 18-22 : Jacob se leva de bon matin, il prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête, il la dressa pour en faire une stèle, et sur le sommet il versa de l’huile. Jacob donna le nom de Béthel (c’est-à-dire : Maison de Dieu) à ce lieu qui auparavant s’appelait Louz. Alors Jacob prononça ce voeu : « Si Dieu est avec moi, s’il me garde sur le chemin où je marche, s’il me donne du pain pour manger et des vêtements pour me couvrir, et si je reviens sain et sauf à la maison de mon père, le Seigneur sera mon Dieu. Cette pierre dont j’ai fait une stèle sera la maison de Dieu. De tout ce que tu me donneras, je prélèverai la dîme pour toi. »

Moïse : un précepte

Lv 27, 30 : Toute dîme du pays prélevée sur les produits de la terre ou sur les fruits des arbres appartient au Seigneur : c’est chose sainte pour le Seigneur.

– aide aux lévites, qui n’ont pas de terre mais qui sont consacrés au culte : Nb 18, 20-21 : Le Seigneur dit à Aaron : « Tu n’auras pas d’héritage sur la terre des fils d’Israël, tu n’auras aucun lot au milieu d’eux : c’est moi qui serai ton lot et ton héritage au milieu d’eux ! Voici qu’aux fils de Lévi, je donne en héritage toute la dîme perçue en Israël en échange du service qu’ils rendront, le service de la tente de la Rencontre.

– aide aux nécessiteux : Dt 14, 28-29 : Au bout de trois ans, tu prélèveras toutes les dîmes de tes récoltes de cette année-là et tu les déposeras aux portes de ta ville. Alors viendront le lévite – puisqu’il n’a ni part ni héritage avec toi –, l’immigré, l’orphelin et la veuve qui résident dans ta ville ; ils mangeront et seront rassasiés. Ainsi le Seigneur ton Dieu bénira toute oeuvre de tes mains.

– moyen pédagogique pour apprendre la Crainte de Dieu : Dt 14, 22-23 : Tu prélèveras chaque année la dîme de tout ce que tes semailles auront produit dans tes champs. La dîme de ton froment, de ton vin nouveau et de ton huile fraîche, les premiers-nés de ton gros et de ton petit bétail, tu les mangeras devant le Seigneur ton Dieu, au li eu qu’il aura choisi pour y faire demeurer son nom ; ainsi, tu apprendras à craindre le Seigneur ton Dieu, tous les jours.

Elle est versée tous les ans (Dt 12, 5.11) ou tous les trois ans (Dt 14, 28-29).

 Les prophètes : la fidélité à l’Alliance

 – l’hypocrisie d’un culte sans conversion du coeur : Am 4, 4-5 : Allez à Béthel et commettez vos crimes ; à Guilgal, multipliez-les ! Apportez dès le matin vos sacrifices, et le troisième jour, vos dîmes  faites fumer en action de grâce du pain sans levain, proclamez en public des offrandes volontaires, car c’est cela que vous aimez, fils d’Israël ! – oracle du Seigneur Dieu.

Ml 1, 6-7 : Et vous dites : « En quoi avons-nous méprisé ton nom ? » – En présentant sur mon autel un aliment impur. Mais vous dites : « En quoi t’avons-nous rendu impur ? » – En affirmant : « La table du Seigneur est méprisable ! »

– revenir à la fidélité de l’Alliance : Ml 3, 8-10 : Un homme peut-il tromper Dieu ? Et vous me trompez ! Vous dites : « En quoi t’avons-nous trompé ? » – Pour la dîme et les redevances. Vous êtes maudits de malédiction, vous me trompez, vous, la nation entière ! Apportez toute la dîme à la maison du trésor, pour qu’il y ait de la nourriture dans ma Maison. Soumettez-moi donc ainsi à l’épreuve, – dit le Seigneur de l’univers –, et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses du ciel si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance !

 Dans les évangiles

– l’hypocrisie des pharisiens : Mt 23, 23 : Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dîme sur la menthe, le fenouil et le cumin, mais vous avez négligé ce qui est le plus important dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Voilà ce qu’il fallait pratiquer sans négliger le reste.

Luc 18, 11-12 : Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.”

– donner ses biens au Seigneur : Luc 18, 1-3 : Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources.

– l’exemple de la pauvre veuve : Mc 12, 41-44 : Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Les premiers chrétiens

– la première communauté chrétienne : Ac 2, 44-45 : Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun.

– la collecte pour Jérusalem : Ac 15, 26-27 : Car la Macédoine et la Grèce ont décidé un partage fraternel en faveur des pauvres de la communauté de Jérusalem. Elles ont pris cette décision en effet, car elles ont une dette envers eux : puisque les nations ont reçu une part des biens spirituels des fidèles de Jérusalem, elles leur sont à leur tour redevables d’une aide matérielle.

 – chez Saint Paul : 2 Co 9, 7 : Que chacun donne comme il a décidé dans son coeur, sans regret et sans contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement.

 II  LES COMMANDEMENTS DE L’EGLISE

CEC 2041 Les commandements de l’Église se placent dans cette ligne d’une vie morale reliée à la vie liturgique et se nourrissant d’elle. Le caractère obligatoire de ces lois positives édictées par les autorités pastorales, a pour but de garantir aux fidèles le minimum indispensable dans l’esprit de prière et dans l’effort moral, dans la croissance de l’amour de Dieu et du prochain.

CEC 2043 Le cinquième commandement (‘Les fidèles sont tenus par l’obligation de subvenir aux besoins de l’Eglise’) énonce que les fidèles sont tenus de subvenir aux nécessités matérielles de l’Église, chacun selon ses possibilités (cf. CIC, can. 222).

Can. 222 – § 1. Les fidèles sont tenus par l’obligation de subvenir aux besoins de l’Église afin qu’elle dispose de ce qui est nécessaire au culte divin, aux oeuvres d’apostolat et de charité et à l’honnête subsistance de ses ministres. 2. Ils sont aussi tenus par l’obligation de promouvoir la justice sociale et encore, se souvenant du commandement du Seigneur, de secourir les pauvres sur leurs revenus personnels.

III. LES 4 DIMENSIONS DE LA DIME

 Dimension religieuse : Reconnaître que Dieu est la source (gratitude) et le Seigneur (détachement) de tous mes biens. Mettre la propriété et l’usage des biens matériels et de l’argent sous le regard de Dieu dans la foi. Entrer dans la liberté des enfants de Dieu dans le rapport aux biens, en cherchant d’abord le royaume de Dieu.

Dimension ecclésiale : vivre la conscience d’être membre de l’Eglise (appartenance) de participer à sa vie matérielle (co-responsabilité)

Dimension missionnaire : beaucoup de paroisses n’ont pas les moyens de subvenir à leur besoin (solidarité et communion)

Dimension caritative : prendre soin des plus pauvres (charité)