Patrimoine vivant

Près de 120 personnes, principalement du Paradou, mais aussi flamandes, alsaciennes, belges, ou américaines, ont déambulé dans l’église du Paradou ouverte lors des journées du patrimoine 2023.

Patrimoine vivant … tel était le thème 2023 de ces journées internationales du patrimoine. Comment faire plus vivant sinon en proposant à des habitants de la vallée, de s’exprimer, à partir de notre patrimoine, chacun avec sa sensibilité artistique.

L’église du Paradou n’a cessé, au cours des siècles, de s’enrichir et de s’embellir par l’expression artistique. L’architecture, d’inspiration romane, puis notamment les 17 et 18ème siècles ont ainsi largement contribué. La fin du 19e siècle, avec la construction de la nef nord, devenue nef principale, et la décoration associée, au tournant du 20e (vitraux, sculptures, fresques, matériel liturgique) est un élément important. Mais ce n’était pas fini. Le 20e, avec le chemin de croix puis le tout début du siècle actuel, avec cette icône de Moise devant le buisson ardent illustrent la permanence de ces apports.

Il était donc bien naturel de solliciter à nouveau la création artistique contemporaine en privilégiant nos artistes locaux, principalement amateurs.La proposition était à la fois ciblée et large : que vous inspire notre patrimoine religieux aujourd’hui, dans ses dimensions tant visibles qu’invisibles ?

Et le choix était par ailleurs non pas de transformer notre église en salle d’expo provisoire, mais d’enrichir cette visite du patrimoine (désormais classé à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques – ISMH) en offrant à l’oeildu visiteur un complément vivant, dans l’esprit de ce thème 2023, sans masquer l’existant et en conservant pleinement la fonction cultuelle chère aux paroissiens de la ValléedesBaux.

Nos artistes ont répondu avec enthousiasme. À l’évidence, le visible comme l’invisible les ont inspirés. Chacun a sa démarche. Toutes sont éminemment respectables. Les techniques sont multiples, de la photographie aux collages, en passant par le dessin, la peinture, aquarelle, acrylique, huile … les représentations sont multiples aussi, du plus figuratif au plus abstrait …

Art, patrimoine et religion

L’art et la foi sont, depuis très longtemps, dans un dialogue permanent.

En effet, tous deux interrogent, embellissent, révèlent, décapent, dérangent,  ouvrent notre regard.

L’art serait en effet, pour l’homme moderne au moins, un pur produit de l’esprit, en quelque sorte son auto-affirmation, et l’expression de sa compréhension de lui même.

Dans l’approche chrétienne, justement, on est passé progressivement de la Loi, exprimée dans l’ancien testament, la loi de Dieu le Père, à la grâce et au mystère de Jésus son fils au milieu des hommes, puis au temps actuel de l’Esprit Saint, qui est indissociable de l’Espérance.

Il y aurait donc bien un dialogue permanent, entre art et foi, et ceci même au delà de la foi chrétienne, l’expression artistique traduisant finalement ce besoin immanent de transcendance.

Et le patrimoine dans tout cela ?

Faut-il tout conserver, tout restaurer, refaire à l’identique, ou bien au contraire laisser le temps faire son œuvre, car l’activité artistique est justement une re-créationpermanente ? À chacun de juger …

Et l’art sacré dans tout cela ?

Tout au long de son histoire, l’église catholique a été un lieu privilégié de production d’oeuvres d’art. Évidemment d’abord dans son rôle catéchétique, en représentant une vérité à croire ou à connaître, grâce à un contenu didactique lisible par tous.

Au delà cependant de ce rôle d’image, l’oeuvre d’art, en apportant sa propre lumière, se fait prophétique et visionnaire, en proposant une réalité spirituelle. C’est donc aussi un rôle sacramentel qu’elle peut porter.

Enfin, au moins pour le croyant, l’oeuvre d’art s’efface devant le mystère qu’elle porte, et qu’elle ne saurait épuiser ni circonscrire. C’est donc peut-être bien un chemin ouvert vers la transcendance …