Reflets de l’Arc n°424

Exil, Exode, Jérusalem

La Chandeleur est passée, nos crèches ont retrouvé leur rangement au grenier. Noël, c’est vraiment fini pour cette année. Les crêpes sucrées sont terminées mais l’âpre jeûne n’est pas encore venu. Quelques belles journées qui se croient déjà printanières se disputent avec des petits matins à l’air piquant d’un hiver qu’il ne faudrait pas voir partir trop vite. Les ors festifs ont disparu et le violet du Carême n’est pas encore apparu. Quel est cet entre-deux revêtu de vert, cette première partie du temps ordinaire, où pour l’essentiel, Jésus paraît sur les rives de la mer de Galilée, gravit la Montagne et parle à ses disciples et aux foules rassemblées ?

Le Seigneur est entré dans le monde, il est venu chez les siens. Il traversera bientôt le désert. Pendant la sainte Quarantaine, nous pourrons entendre le Père nous appeler : “Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur !” Et nous répondrons ensemble, de tout notre cœur : “Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu.” Quarante ans durant, Dieu a lutté avec et pour son peuple, jusqu’à ce qu’il entre dans l’héritage promis. Bientôt, nous aussi, nous aurons à reprendre le chemin de l’Exode, à suivre celui qui nous ouvre les portes du Paradis, le Christ qui nous fait entrer dans la Jérusalem céleste, la cité sainte qui descend du Ciel. Bientôt.

Aujourd’hui, l’entre-deux. C’est le temps de l’Exil. Il a duré 70 ans pour Israël. Nos anciens parlaient ainsi du temps de la Septuagésime. Il nous est donné pour éveiller de vrais fils d’Abraham : nous demeurons voyageurs, fils d’Ève exilés, attendant l’unique cité stable qui nous est promise. Nous goûtons la joie de ceux qui écoutent le Seigneur venu converser avec nous et trouver ses délices auprès de ceux qu’il appelle.

Père Romain Civalero

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