Reflets de l’Arc n°440

Deux fleuves

Au Nord de la Terre Sainte, au-delà de la verdoyante Galilée, tout proche du Liban et de ses sommets blanchis par la neige, au pied de l’Hermon brumeux, le Jourdain prend sa source. Quelle promesse de vie ! La source est vive, jaillissante et fraiche : dans la chaleur de l’été, le fleuve naissant bondit sous les bois ombragés de l’antique ville de Dan, méandre sous d’immenses palétuviers, avant d’entamer sa course vers la mer de Galilée.

Et le Jourdain descend. Son cours descend à travers le désert, se charge de limon, et achève sa course dans la vallée désolée de Sodome et Gomorrhe : il pouvait encore fertiliser les plaines de Galilée, mais alors qu’il abreuve la mer, celle-ci reste morte. Pas de vie. Rien qu’une terre déserte et salée. Ce fleuve promesse de vie s’est jeté dans la mort. Qui rendra la vie à la femme de Loth, colonne de sel attendant son salut depuis que le feu et le souffre ont détruit la ville ?

Jésus s’abaisse. Celui que nous avons adoré à la crèche avec les bergers et les mages s’abaisse plus encore devant son cousin. Jean le Baptiste était envoyé pour préparer la venue du Messie, appeler à la conversion. Alors qu’il veut s’abaisser, diminuer pour que Jésus grandisse dans les cœurs des fils et filles d’Israël, Jésus descend plus loin encore. Il descend dans les eaux du Jourdain, qui à cet endroit n’est plus qu’un marigot trouble et boueux. Il rentre dans l’eau chargée du limon de tous les péchés de ceux qui, entendant la voix du prophète, demandent à Dieu de retourner leur cœur. La source de la vie est entrée dans le fleuve qui se meurt, et par sa mort lui donne la vie, la vie en abondance.

P. Romain Civalero

NDArc – 20210109_Reflets 440