Les cloches de Pélissanne

 

A l’aumônerie ce samedi 26 mai, le groupe des 4èmes a pris de la hauteur : les moyens de se rapprocher de Notre Seigneur sont divers et variés et pourquoi ne pas commencer par grimper l’escalier qui mène au clocher ?

Le clocher de l’église actuelle date de 1625, reconstruit après sa démolition en 1619 pour cause de grande vétusté et dangerosité : la violence répétée du maniement des cloches (ce clocher ayant probablement aussi servi de tour de guet) a sans doute contribué au mauvais état du monument à cette époque. Les cloches, quant à elles, rompues ou fêlées, ont plusieurs fois été refondues par la suite. La fonte des cloches se faisait sur place, le spécialiste ayant préparé les moules : tandis que le métal fondait, le public venait jeter dans le creuset quelques pièces de monnaie de bronze ou d’argent, d’or parfois (cet apport de métal précieux rendait plus douce et harmonieuse la sonorité des cloches).

Les cloches, refondues toutes les quatre en 1779, seront dispersées à la Révolution : on sait que la grosse fut sauvée par le maire, celui-ci arguant judicieusement qu’elle seule pouvait être entendue de tous les lieux du territoire, et qu’ une autre fut fondue pour la Tour de l’Horloge. Les autres furent vendues comme nombre de leurs consœurs et disparurent (en France cent mille cloches disparurent à cette période).

L’église, après avoir été par mesure de sécurité publique interdite au culte pendant dix ans (fragilisée par des travaux successifs) s’écroula en 1806 et le clocher seul resta debout, attendant la reconstruction d’une nouvelle église, l’actuelle, consacrée en 1830 (avant la fin de son complet aménagement intérieur).

A ce moment apparemment seule la grosse cloche, rescapée, ornait alors le clocher, semblant « rappeler avec tristesse les souvenirs d’autrefois« . En mars 1886, l’abbé Cornillon alors curé de Pélissanne, fait baptiser, en présence de l’Archiprêtre d’Arles et de dix-sept autres prêtres des environs, trois nouvelles cloches, lors d’une célébration d’une grande solennité: « elles étaient suspendues au milieu de l’église, entourées de la robe blanche de leur baptême, revêtues de guirlandes de lierre et de laurier comme il convient aux jours de joie et de triomphe, attendant que l’onction du prêtre et la prière vinssent les consacrer au Seigneur « . Marie-Louise, Marie-Rose et Marie-Thérèse dont M le Curé dira que « réunies à celle que nous avons déjà, elles nous donnent à elles quatre l’accord parfait  » .

Le clocher retrouve vie et peut de nouveau assurer dignement sa fonction, avec ses quatre cloches, d’appel de « la population déjà si chrétienne de Pélissanne aux solennités de l’Eglise« .

Aujourd’hui aussi, notre clocher a bien quatre cloches. Cependant cela est relativement récent : en effet jusque dans les années 2000, seules trois cloches se trouvaient dans le clocher. C’est Monseigneur Plano, le père Delprètre étant curé de Pélissanne, qui fut à l’origine du transfert de la cloche ornant la chapelle des Pénitents Gris, du nom de Marie-Rose, dans le clocher, lui redonnant ainsi toute son intégrité.

Que s’est-il passé après 1886 ? Qu’est-il arrivé à une des cloches de notre clocher ? A-t-elle été victime de l’une ou l’autre guerre mondiale, qui furent désastreuses aussi pour le patrimoine campanaire européen (la réquisition de cloches pour servir à l’armement a été systématique en de nombreux lieux) ? Peut-être sonne-t-elle aujourd’hui avec d’autres, ailleurs, près ou loin d’ici ?

Il est bien difficile de trouver des éléments de réponse sur ce sujet dans l’Histoire, mais le mystère de la cloche perdue de Pélissanne nous rappelle que nous sommes heureux, encore de nos jours, d’entendre, lorsque « la parole est donnée aux cloches » ce qu’ « elles diraient pour nous à Dieu, et ce qu’à nous-mêmes elles diraient de la part du Seigneur. »

Voici comment les jeunes, grâce à leur curiosité, nous ont permis de faire mieux connaissance avec ces vénérables cloches dont l’histoire mouvementée leur a été, au moins en partie, contée ! ( et à défaut d’apercevoir le Tout-Puissant sur un nuage, ils ont également pu profiter d’une vue exceptionnelle sur Pélissanne et ses environs).

Sources : Histoire de Pélissanne , Maurice Barrielle – Archives de l’église de Pelissanne – Wikipédia.